Micheline voit une concurrente débarquer

Salut Chacha,
Je t’écris parce que je rame un peu sur le démarrage de son activité et la confiance en moi n’est pas au beau fixe. Donc récemment, y a quelqu'un pas loin qui a démarré une activité dans le même domaine. Une petite jeune qui sort tout juste de ses études mais qui a maman dans le milieu depuis longtemps, les installations et structures de ses parents, pas de stress financier, et la confiance qu'on peut avoir à 18 ans quand on sort de l'école et qu'on pense tout savoir. Elle développe rapidement plein de choses, n'est pas timide de se mettre en avant sur les réseaux sociaux. Et moi j’ai l’impression d'être un peu nulasse à côté et de se laisser prendre 10 longueurs d'avance. En même temps, ça pourrait être intéressant de collaborer ou de voir ce qu'elle propose, peut-être participer à une de ses formations, mais y a un peu l'ego qui coince. J’ai pas trop envie d'être l'élève de ma future concurrente qui a 20 ans de moins que moi, J’ai peur du jugement aussi car elle sait qu'elle a des projets professionnels qui se rapprochent un peu. Alors, comment mettre l'ego de côté, garder sa posture professionnelle et tirer le meilleur partie de cette concurrence?

Comment je peux me concentrer sur ses propres projets et arrêter de regarder ce que fait la petite jeune en s'angoissant sur le fait qu'elle propose des choses que je voulait proposer?

Voilà, je te remercie pour tes lumières :-)

Micheline

Rooo ma Micheline,

Bon d’abord gros câlin, parce que développer son activité, c’est vraiment pas facile et que je compatis fort fort.

1. Ce que je te propose de faire pour commencer, c’est un exercice que j’appelle « imagine sa vie de merde ».
En fait ta « petite jeune » étant un être humain, elle a nécessairement 50 % de sa vie (a minima) qui est merdique! Impossible d’y échapper. Ce que tu perçois n’est pas la réalité. Peut-être qu’elle a papa et maman sur le dos non-stop, qu’elle se compare sans arrêt à sa mère, qu’elle doit voir l’impression d’être une fraude parce qu’elle ne montre pas 10% de la réalité sur son insta, qu’elle se dit que sa réussite ne lui appartient pas parce qu’elle est ultra privilégiée, peut-être qu’elle a un abcès sous sa dent de sagesse qui n’a pas encore poussée.
bref, IMAGINE. Ce principe de réalité nous rapproche des autres, car on les rend de nouveau humain.

2. Le petit panier de mes jalousies. J’adore être jalouse, car c’est une manière d’accéder à mes désirs. Et dieu sait que ce n’est pas toujours facile pour nous de nous connecter à nos désir / de les assumer! Je te propose d’investiguer : qu’est-ce qui te plait vraiment dans ce qu’elle propose ? Qu’est ce que tu rêverais d’avoir? D’obtenir? qu’est ce que tu trouves vraiment génial sans sa manière de faire? Qu’est ce qui te pique? Explore et met dans ton petit panier toutes les infos que tu peux récolter de cette façon sur tes envies / tes désirs. C’est précieux.

3. Le "10 partout". Tu me dis que tu es entrain de « lui laisse prendre .. 10 longueurs d'avance ». Fais-moi la liste des 10 trucs sur lesquels tu as des compétences solides, sur lesquelles probablement elle n’a pas la même expérience que toi ( ça peut être sur votre domaine mais pas seulement, sur ton experience de vie en général)

4. Changement de perspectives. Je sais que c’est pas évident de ne pas se sentir fragilisé par un.e. concurrente potentiel. Surtout quand on a été biberoné à l’idée que la réussite est un gateau limité à partager, que si elle réussit ça veut dire que « c’est trop tard, la place est déjà prise ».
En réalité, ce n’est pas une compétition et il y a de la place pour tout le monde!
Il est probable que vous ayez une approche/ un style très différent.
En fait, ta voisine te donne de la visibilité : elle parle de votre métier, elle se tape « l’éducation » de tes futures clients, elle démocratise des activités pas forcement toujours bien connues/ comprises identifiées. En fait c’est une grande chance qu’elle démarre son activité près de toi ! :-) 

Ok, maintenant passons aux choses « sérieuses »

5. Imaginons qu’elle ait « vraiment » 10 longueurs d’avances dans ce domaine (même si l'idée est discutable).
Et alors? En quoi est-ce un problème? Qu'est-ce que ça dit à propos de toi/comment tu l’utilises contre toi ? (what do you make it mean about?)

6. Ton activité ne se développe visiblement pas comme tu voudrais. C’est frustrant, désagréable, et ça pose tout un tas de problèmes.
L’exercice suivant consiste à explorer, à s’ouvrir à l’idée qu’une partie de toi (plus ou moins consciente) trouve une forme de plaisir / de confort / de sens dans la situation tel qu’elle est. (Pour en savoir plus tu peux lire l’excellent livre Existential Kink, de Carolyn Elliott)

  • Qu’est-ce que « j’aime » dans cette sensation de ramer sur le développement de mon activité ? (oui je sais la question est chelou)
  • Qu’est-ce qu’il y a de beau, d’intelligent dans ma manière de gérer ainsi le développement de mon activité ?
  • Qu’est ce qui me plaît dans le fait de ne pas être visible sur les réseaux sociaux ?
  • Qu’est ce qui me plaît dans le fait de ne pas avoir avoir papa/maman/ les installations/ les structures déjà en place?
  • Qu’est ce qui est "agréable" (même si c'est un "kinky pleasure/ plaisir chelou") dans cette identité que je me suis construite, dans ce rapport au travail que j’entretiens (dans ses aspects positifs ET moins glorieux) ?
  • Qu’est-ce que cela révèle de tes besoins/envies/aspirations/ valeurs ?

7. Un autre exercice que tu peux faire qui est vraiment intéressant, c’est « l’inventaire de tes peurs les plus terribles »
(À retrouver en détail dans Existential Kink, de Carolyn Elliott) l’exercice consiste à compléter la phrase suivante….

Je ne veux vraiment pas ………. (le résultat que tu veux avoir) parce que j’ai une peur terrible de…….

par exemple:
Je ne veux vraiment pas « être visible et avoir un compte Instagram avec 1000 followers » parce que j’ai terriblement peur de .......…
Je ne veux vraiment pas « accueillir des clients pour des séances de…… » parce que j’ai terriblement peur de .......…

Et tu fais la liste sur un bout de papier et tu t’en débarrasses…
Tu peux refaire l’exercice plusieurs jours de suite, pour te familiariser avec ces peurs et t’en détacher progressivement.
tu vois le principe ?

8. Pour finir ma Micheline, je te propose de te retourner la question que tu me poses :
Comment peux-tu te concentrer sur tes propres projets et arrêter de regarder ce que fait la petite jeune ?
Quand tu es occupé à penser à elle, Qu’est ce que tu ne fais pas? À quoi évites-tu de penser ?

Tiens-moi au courant,
Grosses bises ma Micheline, courage.