Le Syndrome de l'imposteur? Je vais te dire moi, ce que j'en pense!

il semblerait donc, selon eux, que tu souffres du fameux "syndrome de l’imposteur".
Comme s'il s'agissait d'un "problème", d'une sorte de maladie qui te donne l'impression de frauder, de manquer de compétences, de ne pas être à ta place.

Écoute, je ne crois pas que tu sois malade, ma biche, au contraire.

Quand tu me dis que « tu ne te sens pas à l'aise dans le rôle d'experte »..
je te réponds : "Eh bien, c'est normal, parce que tu sais quoi… ? Tu n'es effectivement pas une experte ! Oui, les sujets sont complexes et non, ni toi ni les autres d'ailleurs, ne possèdent toutes les réponses. Personne ne détient un savoir absolu et indiscutable dans son domaine.
Ceux qui te vendent le mythe de l’expert cherchent à surtout à maintenir les hiérarchies de pouvoir existantes."

Quand tu me dis que « tu as du mal à t'exprimer lors de tes réunions »,
je te réponds que c'est normal de se taire au royaume du "mans'terrupting" et au "mansplaining".

Quand tu me dis que « Tu n’as pas du tout envie de faire ta prez’ dans ce colloque tout pourri » qui vraisemblablement va être une succession :
de présentations PPT boring
de tables rondes où personne n’écoute personne,
où tout le monde veut se faire mousser,
et où le seul usager qu’on a invité s’est momifié au fond de la salle ….

ça me paraît tout à fait sain ma biche.

Lorsque tu avoues ne pas te sentir méga-confiante à l'idée de t'exprimer sur les réseaux sociaux en voyant tes copines recevoir des messages dégradants et misogynes,
cela me semble plutôt logique.

Quand tu me dis passer "18 heures à préparer une intervention de 4 heures parce que tu sais que, en tant que femme, tu démarres avec un handicap en termes de crédibilité",
Je sais que compenser par l’exigence et l’excellence n’est pas un choix
je ne me dis pas que tu as un problème
je trouve ça injuste

Quand tu m’avoues que "tu ne te positionnes pas sur ce poste, parce que ça demanderait 50h de travail hebdo, et que tu n’en ai pas capable"

Je trouve ça courageux, ET SAIN d’être capable de faire le choix du care et du respect de tes ressources

Quand tu me dis que "tu ne te sens pas capable de gérer une équipe de 6 personnes, dans ta boîte où la culture managériale c'est : compétition, performance et profit"

Non, ça ne me choque pas,
je suis soulagée de savoir que tu as du mal à écraser ton voisin en toute sérénité

Quand tu me dis « Je manque de confiance en moi pour aller serrer des pinces à tel événement »

J’entends : "je n’ai pas envie de rejoindre la « cour du roi » où il faut jouer des coudes pour obtenir trois miettes de pouvoir"
et ...ça me rassure !

Quand tu me dis « je n’arrive pas à me vendre »,
j’entends « après une vie entière a être exposée à des pratiques marketing violentes basées sur la manipulation et le mensonge, j’ai du mal à m’imaginer vendre des services sereinement dans le respect et le consentement."

Mais heureusement qu’on se sent dans l’imposture !! parce que ça craint !!!

Ce sentiment porte mal son nom…
On devrait l’appeler « Syndrome de résistance au modèle patriarcal »
ou « Syndrome d’inégalités de genre »


Considérons l’intelligence qui se cache derrière chacunes
de nos peurs,
de nos réticences
et de nos stratégies de survie/de préservation/d'évitement.
Il y a toujours de très bonnes raisons !

Ne nous imposons pas d’évoluer/de performer/de nous former
pour survivre dans des environnements "hostiles", inégalitaires
qui ne correspondent ni à nos valeurs,
ni à notre définition de la réussite et du bien-être..
et qui ne sont pas soutenables.

Continuons à privilégier : la pluralité des voix et des savoirs, la coopération, la co-construction, le temps long, le care, le sens, l’éthique, la durabilité, l’interdépendance, les communautés de partage et d’entraide, le vide, l’apprentissage par l’expérience, le sacré, le corps, la nature, le doute, la complexités

Dans ces espaces-là, bizarrement, beaucoup moins de syndrome de l’imposteur.